« Changer d’approche en canalisant les investissements étrangers directs (IED) vers la création d’emplois et le renforcement des capacités productives des pays d’accueil ». C’est, en substance, à cette réorientation des stratégies d’investissement dans les pays les moins avancées (PMA) que vient d’appeler, opportunément, la Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement (Cnuced). Habitué à explorer des chemins non battus dans ses analyses, ce démembrement spécialisé de l’ONU, jette ce pavé, pas si nouveau que cela, dans la marre, à quelques jours de « la 4ème Conférence des Nations Unies sur les PMA » à Istanbul (Turquie), après avoir constaté que « bien qu’en nette augmentation, les IED, dans les 48 pays les plus pauvres de la planète, n’y ont eu qu’un impact limité tant sur les emplois que sur le niveau de vie des populations ».
Conjurer l’efficacité sujette à caution des IED
Pour conjurer l’efficacité sujette à caution des IED du point de vue des pays en développement bénéficiaires, la Cnuced met en face de leurs responsabilités gouvernements, partenaires aux développement et investisseurs. Si elle appelle les gouvernements à « mettre en œuvre des reformes règlementaires dans le sens d’une canalisation des IED vers les directions à même d’induire une amélioration du niveau de vie des populations, la création d’emplois et l’élargissement de la base économique ». L’institution dirigée par Supachai Panitchpakdi, propose, en direction des seconds, l’établissement d’un « Fonds de développement des infrastructures des PMA » et la mise en place d’un « Programme d’aide pour les capacités productives ». Et attire l’attention des troisièmes sur le fort potentiel d’investissement dans des projets adressant des problèmes sociaux et environnementaux. Elle tire ainsi les leçons de la décennie 2001-2010.
En effet, dans son rapport intitulé « IED dans les PMA : leçons de la décennie 2001-2010 et les pistes pour aller de l’avant », rendu public, lundi 02 mai 2011 à Genève, la Cnuced déplore que « bien que les IED à destination des PMA aient cru rapidement au cours de la décennie pour atteindre 24 milliards de dollars US en 2010 et que leur part dans le flux mondial d’investissements étrangers ait effectivement doublé, passant à 2%, l’essentiel de ce montant, en termes de valeurs, ait été investi dans l’extraction de ressources naturelles ; un secteur qui a tendance à créer relativement peu d’emplois ». Autant dire que ces investissements n’ont pas vraiment contribué à "fertiliser" les économies des PMA destinataires. La Cnuced en veut d’ailleurs pour preuve qu’ils n’ont pas induit de « fortes relations d’affaires à même de favoriser un transfert du savoir-faire et des technologies des compagnies étrangères aux sociétés locales et, aider à asseoir dans les PMA une croissance durable et à base élargie ». Et de constater, un brin désabusée, que « la majorité des PMA demeure en marge de l’économie mondiale ».
Le pari du « changement d’approche » vaut aux yeux de la Cnuced en ce qu’il est porteur de solutions innovantes ; qu’il s’agisse de partenariat public-privé pour le financement des infrastructures, de renforcement des capacités productives, techniques et entrepreneuriales des populations des PMA et de possibilités d’exploitation d’opportunités dissimulées d’affaires… Sans doute que les recommandations faites par le rapport ne manqueront pas de nourrir les discussions de la capitale turque, la semaine prochaine.
Louis S. Amédé
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