Les années d’expansion économique entre 2002 et 2007, -bien marquées dans les Pays les moins avancés (PMA) de la planète par un taux de croissance annuel moyen de 7%-, ne se sont pas soldées par des progrès socioéconomiques durables pour ceux-ci.
Supachai Panitchpakdi appelle à un changement structurelle dans les politiques de développement dans les PMA. |
La croissance économique seule ne garantit pas un développement durable. Les 48 pays les moins avancés (PMA) de la planète ont fait l’amère expérience au cours de la décennie 2001-2010. Leur taux de croissance, caracolant à une moyenne de 7% au cours de la faste période 2002-2007 n’aura permis, au mieux, que de ralentir la dynamique de basculement des populations dans l’extrême pauvreté. « Le nombre total des personnes vivant dans l’extrême pauvreté dans l’ensemble des PMA en 2007, au plus fort du boom économique, est en hausse de 120 millions d’âmes de plus qu’en 1990. Et si la cadence actuelle de réduction du niveau de l’extrême pauvreté dans les PMA devait se maintenir, en 2015 ce sont 439 millions de personnes qui vivraient en dessous du seuil admissible de pauvreté. Et si les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) étaient atteints, leur nombre devrait être de 255 millions » a fait noter le Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement (Cnuced), Supachai Panitchpakdi, au cours d’une conférence presse, en marge de la quatrième conférence des Nations Unies sur les PMA qui se tient a Istanbul (Turquie).
En finir avec la dépendance à l'égard des matières premières brutes
Pour le Secrétaire général de la Cnuced, il faut aux PMA sortir résolument du cycle de croissance économique non génératrice de bien-être pour les populations. Et de son point de vue, cela passe inexorablement par « un changement structurel » dans la politique de développement dans ces pays. Il faut en finir avec la dépendance des PMA des matières brutes et industrielles d’exportation au profit de la transformation et des activités connexes qui ajoutent de la valeur aux biens produits. La perspective n’est pas nouvelle. Depuis le temps que la Cnuced la décline, on la classerait bien au rayon des antiennes, si, tant est que les PMA et la communauté des bailleurs de fonds n’en faisaient pas qu’à leur tête, en persistant dans les sentiers milles fois battus sans succès du développement. Supachai Panitchpakdi a donc choisi, judicieusement du reste, de l’expliciter : « chaque production génère de grands profits, crée plus d’emplois mieux rémunérés, génère donc du travail dans les villes et en plus, réduit la vulnérabilité aux changements brusques de cours internationaux des matières premières ». Il prescrit pour les PMA « une politique macroéconomique plus orientée sur la croissance et couplée avec une politique agricole développementaliste et une politique industrielle tout aussi développementaliste ».
Renforcer la productivité agricole et étendre les bases industrielles
De là à conclure que « les PMA réaliseront de biens meilleurs progrès économiques et élèveront notablement le niveau de vie de leurs populations, -avec l’appui international-, si plus d’attention et de ressources sont consacrées au renforcement de leur productivité agricole et à l’expansion de leurs bases industrielles », il y a un rubicon qu’a franchi sans hésité le Secrétaire général de Cnuced. L’amélioration de la productivité agricole constituerait une part décisive de la « croissance solidaire » nécessaire au développement harmonieux des PMA dont l’économie, de la plupart, a pour colonne vertébrale, l’agriculture. « Les activités d’après-récolte qui consistent à transformer, conserver et préparer les produits agricoles pour une consommation finale ou intermédiaire représentent une source majeure de revenus et d’emploi dans l’industrie manufacturière » soutient à cet effet, le document de travail préparé par le groupe interinstitutions du système des Nations Unies en prévision de la Conférence d’Istanbul.
Louis S. Amédé
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