lundi 2 mai 2011

Crise mondiale : L’OIT recommande des mesures favorisant la création d’emplois

 
Tirant des leçons de sa diversité et de la grande variation de son impact sur les économies et de ses conséquences pour les marchés du travail, l’OIT appelle, dans une récente étude, à « s’écarter d’un mode de gestion de la crise au profit d’une approche stratégique à long terme ».

La phase de reprise amorcée par l’économie mondiale depuis 2009 incline les gouvernements à un retour à l’austérité pour délester le très lourd boulet de la dette publique. Et cela n’est pas sans inquiéter l’Organisation internationale du travail (OIT) pour qui, le « retrait prématuré des mesures de relance (pourrait se traduire) par une nouvelle crise économique voire même une rechute dans la récession et la menace d’une reprise sans emplois ».  En effet, un peu plus de trois ans après le "tsunami" financier et économique parti des côtes américaines pour désarticuler l’ensemble du système économique mondial, l’OIT examine à froid, dans une étude rendue publique récemment, et intitulée « De la grande récession à la reprise du marché du travail: questions, constatations, et options politiques » le contexte de la survenue. Elle met à nu quelques certitudes spécieuses qui rendaient improbable toute crise de pareille envergure.

Ainsi, les auteurs du document rédigé sous la direction de  Iyanatul Islam et Sher Verick, pointent le fait que la période 2002-2007 précédant la crise « était perçue, de façon erronée, par l’écrasante majorité des observateurs comme une période où le risque et la volatilité restaient faibles, un des facteurs majeurs sous-jacents à la crise…». Une bien mauvaise appréciation, montrera la crise qui, comme indiquent les auteurs, « a rapidement dévoilé que l’économie mondiale était beaucoup moins solide et stable en 2007 que ne le croyaient nombre de chercheurs, d’investisseurs et de décideurs politiques ». Facture de cette vraie fausse certitude : la crise s’était rapidement transformée en resserrement du crédit avec un effondrement dramatique des flux commerciaux et, la perte par des millions de personnes dans le monde de leur emploi et leurs moyens de subsistance.

Épouser une approche stratégique à long terme

Bien lourd tribut payé ! Pour autant le document ne veut pas voir tout en noir. Une lueur d’espoir de lendemains économiques nettement plus assurés lui paraît résider en ce que « la grande récession ait engendré un débat tout à fait nécessaire sur les questions essentielles de la gestion macroéconomique ». Car, pensent les personnalités qui ont contribué à l’ouvrage, « la suprématie du conservatisme macroéconomique dont les préoccupations sont de lutter contre l’inflation et de consolider les finances publiques pourrait maintenant céder le pas à un cadre politique permettant un nouvel engagement en faveur du plein emploi ». Aussi soutiennent-ils qu’une « des grandes leçons à tirer est donc que les pays ne peuvent pas rester passifs devant ces crises, même si tout dépend de leur volonté politique et de leurs capacités techniques et financières à intervenir ». Et le fait que la position agressive en termes de relance macroéconomique et de politiques du marché du travail adoptée par certains gouvernements de pays avancés et de certains pays en développement ait contribué à éviter une dépression plus profonde, n’est sans conforter cette position.

Renforcer la marge de manœuvre des pays en développement

Cette perspective remet en lumière le problème réel mais sans cesse occulter « du manque de marge de manœuvre politique et budgétaire des pays en développement ».  Et Iyanatul Islam et Sher Verick et leurs collègues révèlent, fort à propos, citant certaines études « que plus de 70% des pays en développement ont des contraintes budgétaires et ne sont pas en mesure de se lancer dans des politiques appropriées pour répondre à la conjoncture économique et contrebalancer les conséquences délétères des chocs extérieurs ». Ils prescrivent, par conséquent, pour renforcer la marge de manœuvre budgétaire et politique de ces pays, « de combiner des initiatives nationales avec la coopération internationale ». Et décline, dans la foulée, quelques orientations à observer en matière de coopération internationale et régionale: « une plus grande autonomie politique pour les pays en développement; des règles équitables et transparentes pour réguler la circulation transfrontalière des personnes et des flux de capitaux étrangers; le respect des normes fondamentales du travail; la réduction des obstacles inéquitables au commerce des biens et des services qui ont une incidence pour les pays en développement; la réglementation des flux de capitaux à court terme en réformant l’architecture financière mondiale; la mobilisation de ressources supplémentaires pour l’assistance au développement; i) la modification des institutions de la gouvernance mondiale pour les rendre plus démocratiques, plus responsables et plus transparentes… ». Une liste de dispositions qui épousent les tendances idéologiques du moment que sont « mondialisation responsable », « mondialisation équitable », « rééquilibrage du modèle de croissance »… mais dont la matérialisation n’est pas acquise.

                                                                                                                             Louis S. Amédé

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