lundi 16 mai 2011

Afrique subsaharienne: Le FMI recommande l’austérité


Le paysage économique qui se dessine pour la région est celui d’une reprise vigoureuse après le ralentissement de l’activité en 2009. Ce panorama globalement positif est cependant sous la menace des nouvelles hausses récentes des prix de l’alimentation.


Antoinette M. Sayeh, Directrice du Département Afrique du FMI.
 Le Fonds monétaire international (FMI) a rendu publique le 03 mai 2011 à Washington, l’édition de mai 2011 de son rapport sur les Perspectives économiques régionales consacré à l'Afrique subsaharienne. Le moins qu’on puisse dire c’est qu’avec une adresse confirmée et sans en donner l’air,  le Fonds recommande au pays de cette partie du monde, sans prononcé le mot, l’austérité. « Abandon des mesures de soutien à l’activité », « resserrement de la politique monétaire » et « réduction progressive des déficits budgétaire » sont les recettes auxquelles sont invités ceux-ci. Et pour cause a indiqué Antoinette Monsio Sayeh, directrice du Département Afrique du FMI, lors la présentation des principales conclusions du rapport, « bien que la reprise soit désormais bien engagée en Afrique subsaharienne et que la croissance économique ait retrouvé un rythme assez proche des niveaux élevés enregistrés au milieu de la décennie 2000 qui fait espérer la croissance autour d’une moyenne de 5½ % cette année et 6 % en 2012, les effets des bouleversements provoqués par la crise financière mondiale persistent ».

De « nouveaux risques » à même de saper la « reprise » que charrient la situation, le rapport note « le retard pris par la région dans la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) relatifs à la réduction de la pauvreté en raison de la montée du chômage et des effets de la flambée des prix de l’alimentation et de l’énergie en 2008 ; et, les nouvelles épreuves qu’imposent aux ménages les plus pauvres de la région les nouvelles hausses récentes des prix de l'alimentation et de l'énergie ». Le Fonds subodore que « dans la période à venir, l'évolution défavorable des prix mondiaux (conjuguée à la reprise rapide de la région) va sans doute entraîner une poussée d'inflation et, pour plusieurs pays importateurs de pétrole, une détérioration des déficits extérieurs courants » a indiqué Antoinette Monsio Sayeh.

Abandonner les mesures de soutien à l'activité
Dans cette perspective, le Fonds prescrit à la plupart des pays, « de réorienter globalement la politique budgétaire en abandonnant (donc) les mesures de soutien à l'activité qui l’ont caractérisée ces dernières années ; de resserrer la politique monétaire, en particulier là où la croissance a déjà retrouvé son niveau d'avant la crise et de procéder à la réduction progressive des déficits budgétaires ». Tous les ingrédients d’une politique d’austérité qu’il ne souhaite cependant pas rigide. Car, reconnaît le rapport, « il sera peut-être nécessaire dans certains pays de prévoir des aides budgétaires en faveur des ménages pauvres frappés par la hausse des prix alimentaires ». Mais la portée de cette flexibilité n’est pas moins normée : « ces aides devraient être ciblées en fonction des revenus ou des principaux postes de dépense des ménages pauvres frappés par la hausse des prix alimentaires » énonce le Fonds.

Malgré la prudence à laquelle sont appelés les pays de la partie subsaharienne de l’Afrique, le paysage économique esquissé par le rapport les concernant, est bien celui « d’une reprise rigoureuse ». Tendance que confirme, du point de vue d’Antoinette Monsio Sayeh, deux faits : « la trajectoire ascendante des entrées de capitaux privés dans la région et les bons résultats économiques récents de la région ».

                                                                                          Louis S. Amédé

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