lundi 30 mai 2011

Afrique: Le secteur Agricole prochain pole de croissance et de développement


La Vice-présidente de la Banque mondiale, Obiageli Ezekwesili appelle les gouvernements africains à honorer leur engagement de Maputo relatif aux allocations budgétaires au secteur de l’Agriculture.


Obiageli Ezekwesili de Banque mondiale parie sur l'Afrique.
Dans le cadre des cérémonies marquant la célébration de la Journée de l’Afrique, Obiageli Ezekwesili, Vice-présidente de la Banque mondiale pour la Région Afrique, a appelé les investisseurs à saisir « les opportunités infinies d’investissement qu’offre aujourd’hui l’Afrique ». Dans un discours prononcé le 25 mai 2011 à Washington devant un parterre d’investisseurs et d’Ambassadeurs africains accrédités aux Etats-Unis elle a clairement indiqué « que l’agriculture comme  prochain pole de croissance et développement en Afrique ».  « Bien que l’agriculture soit la principale pourvoyeuse de revenus pour plus de 70% des populations africaines, le secteur demeure sous financé. Et malgré que le continent dispose de plus du quart des terres de la planète, il ne contribue qu’à hauteur de 10% à la production agricole mondiale » a t-elle fait valoir, faisant ainsi, un appel de pied aux investisseurs. 

Des investissements pour réaliser le potentiel du secteur agricole en Afrique

Afin de favoriser la réalisation du potentiel de l’Afrique dans ce secteur, Obiageli Ezekwesili a appelé « les gouvernements africains à honorer l’engagement qu’ils ont, eux-mêmes, pris à Maputo (Mozambique) en 2002 de consacrer au moins 12% de leurs budgets nationaux à l’agriculture ». En effet, à l’échelle de l’ensemble du continent, le secteur agricole demeure l’un des compartiments économiques dans lequel les gouvernements continuent de mettre en œuvre des reformes. Mais le très faible poids de l’Afrique dans la production agricole mondiale en dit long sur les goulots d’étranglement qui existent dans la chaîne de production et de commercialisation mondiale. Et les incommodités diverses à l’accès aux marchés des pays développés (crêtes tarifaires, progressivité des droits, soutiens et subvention…), les difficultés d’accès aux financements adéquats, la faiblesse des capacités techniques africaine de production ne sont pas les moindres des obstacles que les investissements devraient permettre au continent d’obvier.

Mieux de capitaux

Dans cette perspective, mais également d’un point de vue plus général,  la Vice-présidente pour la Région Afrique de la Banque mondiale, a tenu à prévenir que « si le continent est ouvert aux courants d’affaires, il n’est cependant pas disposé à s’accommoder de n’importe quel type d’investissement ». Non grata y sont désormais « les capitaux irresponsables ». Pendant plusieurs décennies, ces investissements non encadrés par des conditionnalités de bonne gouvernance et d’efficacité y auraient alimenté la corruption et contribué plutôt à une dégradation du cadre et des conditions de vie générale. Les flux d’investissements les bienvenus en Afrique, maintenant, devront servir, au sens d’Obiageli Ezekwesili, « la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), la promotion de la prospérité, le renforcement des entreprises nationales, la massification des possibilités de commerce, la création et/ou l’extension des marchés, la création d’emplois (décents) et le renforcement des capacités techniques des africains en vue de leur permettre d’être compétitifs dans l’économie mondiale actuelle du savoir et de la connaissance »

Ce souci de mieux de capitaux ne devrait pas ralentir, l’afflux d’investissements qu’enregistre le continent depuis l’an 2000. A la Banque mondiale on y croit dure comme fer. Et on en veut pour preuve que les investissements étrangers directs (IED) en direction de l’Afrique ont été multipliés quasiment par neuf passant de 10 milliards de dollars US en 2000 à 88 milliards de dollars en 2008, -éclipsant les 42 milliards de dollars enregistrés par l’Inde en 2008 et approximant les 108 milliards de dollars attirés par la Chine. Le vent d’optimisme qui souffle dans les couloirs de l’institution de Bretton Woods est le même qui circule au siège de l’Union africaine (UA) à Addis-Abeba. De ce côté de l’Atlantique ont fait même le pari que le volume d’IED arrivant sur le continent franchisse la barre symbolique des 150 milliards de dollars d’ici à 2015. Pour Obiageli Ezekwesili, cela ne fait l’ombre d’aucun doute : « c’est l’heure de l’Afrique ! Cet avenir radieux du continent dont on a eu de cesse de nous parler, c’est maintenant ». A la bonne heure !

                                                                                               Louis S. Amédé

lundi 16 mai 2011

Afrique subsaharienne: Le FMI recommande l’austérité


Le paysage économique qui se dessine pour la région est celui d’une reprise vigoureuse après le ralentissement de l’activité en 2009. Ce panorama globalement positif est cependant sous la menace des nouvelles hausses récentes des prix de l’alimentation.


Antoinette M. Sayeh, Directrice du Département Afrique du FMI.
 Le Fonds monétaire international (FMI) a rendu publique le 03 mai 2011 à Washington, l’édition de mai 2011 de son rapport sur les Perspectives économiques régionales consacré à l'Afrique subsaharienne. Le moins qu’on puisse dire c’est qu’avec une adresse confirmée et sans en donner l’air,  le Fonds recommande au pays de cette partie du monde, sans prononcé le mot, l’austérité. « Abandon des mesures de soutien à l’activité », « resserrement de la politique monétaire » et « réduction progressive des déficits budgétaire » sont les recettes auxquelles sont invités ceux-ci. Et pour cause a indiqué Antoinette Monsio Sayeh, directrice du Département Afrique du FMI, lors la présentation des principales conclusions du rapport, « bien que la reprise soit désormais bien engagée en Afrique subsaharienne et que la croissance économique ait retrouvé un rythme assez proche des niveaux élevés enregistrés au milieu de la décennie 2000 qui fait espérer la croissance autour d’une moyenne de 5½ % cette année et 6 % en 2012, les effets des bouleversements provoqués par la crise financière mondiale persistent ».

De « nouveaux risques » à même de saper la « reprise » que charrient la situation, le rapport note « le retard pris par la région dans la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) relatifs à la réduction de la pauvreté en raison de la montée du chômage et des effets de la flambée des prix de l’alimentation et de l’énergie en 2008 ; et, les nouvelles épreuves qu’imposent aux ménages les plus pauvres de la région les nouvelles hausses récentes des prix de l'alimentation et de l'énergie ». Le Fonds subodore que « dans la période à venir, l'évolution défavorable des prix mondiaux (conjuguée à la reprise rapide de la région) va sans doute entraîner une poussée d'inflation et, pour plusieurs pays importateurs de pétrole, une détérioration des déficits extérieurs courants » a indiqué Antoinette Monsio Sayeh.

Abandonner les mesures de soutien à l'activité
Dans cette perspective, le Fonds prescrit à la plupart des pays, « de réorienter globalement la politique budgétaire en abandonnant (donc) les mesures de soutien à l'activité qui l’ont caractérisée ces dernières années ; de resserrer la politique monétaire, en particulier là où la croissance a déjà retrouvé son niveau d'avant la crise et de procéder à la réduction progressive des déficits budgétaires ». Tous les ingrédients d’une politique d’austérité qu’il ne souhaite cependant pas rigide. Car, reconnaît le rapport, « il sera peut-être nécessaire dans certains pays de prévoir des aides budgétaires en faveur des ménages pauvres frappés par la hausse des prix alimentaires ». Mais la portée de cette flexibilité n’est pas moins normée : « ces aides devraient être ciblées en fonction des revenus ou des principaux postes de dépense des ménages pauvres frappés par la hausse des prix alimentaires » énonce le Fonds.

Malgré la prudence à laquelle sont appelés les pays de la partie subsaharienne de l’Afrique, le paysage économique esquissé par le rapport les concernant, est bien celui « d’une reprise rigoureuse ». Tendance que confirme, du point de vue d’Antoinette Monsio Sayeh, deux faits : « la trajectoire ascendante des entrées de capitaux privés dans la région et les bons résultats économiques récents de la région ».

                                                                                          Louis S. Amédé

samedi 14 mai 2011

Développement solidaire: Il faut aux PMA sortir du cycle de la croissance stérile


Les années d’expansion économique entre 2002 et 2007, -bien marquées dans  les  Pays les moins avancés (PMA) de la planète par un taux de croissance annuel moyen de 7%-, ne se sont pas soldées par des progrès socioéconomiques durables pour ceux-ci.

Supachai Panitchpakdi appelle à un changement structurelle dans les politiques de développement dans les PMA.
La croissance économique seule ne garantit pas un développement durable. Les 48 pays les moins avancés (PMA) de la planète ont fait l’amère expérience au cours de la décennie 2001-2010.  Leur taux de croissance, caracolant à une moyenne de 7% au cours de la faste période 2002-2007 n’aura permis, au mieux, que de ralentir la dynamique de basculement des populations dans l’extrême pauvreté. « Le nombre total des personnes vivant dans l’extrême pauvreté dans l’ensemble des PMA en 2007, au plus fort du boom économique, est en hausse de 120 millions d’âmes de plus qu’en 1990. Et si la cadence actuelle de réduction du niveau de l’extrême pauvreté dans les PMA devait se maintenir, en 2015 ce sont 439 millions de personnes qui vivraient en dessous du seuil admissible de pauvreté. Et si les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) étaient atteints, leur nombre devrait être de 255 millions  » a fait noter le Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement (Cnuced), Supachai Panitchpakdi, au cours d’une conférence presse, en marge de la quatrième conférence des Nations Unies sur les PMA qui se tient a Istanbul (Turquie). 

En finir avec la dépendance à l'égard des matières premières brutes


Pour le Secrétaire général de la Cnuced, il faut aux PMA sortir résolument du cycle de croissance économique non génératrice de bien-être pour les populations. Et de son point de vue, cela passe inexorablement par « un changement structurel » dans la politique de développement dans ces pays. Il faut en finir avec la dépendance des PMA des matières brutes et industrielles d’exportation au profit de la transformation et des activités connexes qui ajoutent de la valeur  aux biens produits. La perspective n’est pas nouvelle. Depuis le temps que la Cnuced la décline, on la classerait bien au rayon des antiennes, si, tant est que les PMA et la communauté des bailleurs de fonds n’en faisaient pas qu’à leur tête, en persistant dans les sentiers milles fois battus sans succès du développement. Supachai Panitchpakdi a donc choisi, judicieusement du reste, de l’expliciter : « chaque production génère de grands profits, crée plus d’emplois mieux rémunérés, génère donc du travail dans les villes et en plus, réduit la vulnérabilité aux changements brusques de cours internationaux des matières premières ». Il prescrit pour les PMA « une politique macroéconomique plus orientée sur la croissance et couplée avec une politique agricole développementaliste et une politique industrielle tout aussi développementaliste ».

Renforcer la productivité agricole et étendre les bases industrielles

De là à conclure que « les PMA réaliseront de biens meilleurs progrès économiques et élèveront notablement le niveau de vie de leurs populations, -avec l’appui international-, si plus d’attention et de ressources sont consacrées au renforcement de leur productivité agricole et à l’expansion de leurs bases industrielles », il y  a un rubicon qu’a franchi sans hésité le Secrétaire général de Cnuced. L’amélioration de la productivité agricole constituerait une part décisive de la « croissance solidaire » nécessaire au développement harmonieux des PMA dont l’économie, de la plupart, a pour colonne vertébrale, l’agriculture. « Les activités d’après-récolte qui consistent à transformer, conserver et préparer les produits agricoles pour une consommation finale ou intermédiaire représentent une source majeure de revenus et d’emploi dans l’industrie manufacturière » soutient à cet effet,  le document de travail préparé par le groupe interinstitutions du système des Nations Unies en prévision de la Conférence d’Istanbul. 

                                                                  Louis S. Amédé

mercredi 11 mai 2011

Pays les moins avancés (PMA): Commerce et capacités productives les recettes pour leur développement


La 4ème  Conférence des Nations-Unies sur les PMA que se tient à Istanbul projette d’impulser une nouvelle dynamique de développement dans ces pays caractérisés par de multiples faiblesses structurelles.

Les Pays les moins avancés (PMA) voudraient s’offrir une prochaine décennie radieuse qu’ils devront « mettre en œuvre des politiques fondées sur le commerce et les capacités productives ». Foi d’institutions spécialisées du système des Nations Unies.  Sur le front du développement, la décennie 2001-2010 n’aura pas été d’un bon cru pour les Pays les moins avancés (PMA).  Les belles promesses du début du nouveau millénaire charriées par le Sommet du millénaire organisé par les Nations Unies en 2000 et le Programme d’actions de Bruxelles en faveur des PMA adopté en 2001, sont plutôt restées, une fois encore, au stade de vœux pieux. Le groupe interinstitutions du Conseil des chefs de Secrétariat des organismes des Nations-Unies est formel : « les progrès socioéconomiques des PMA ont jusqu’à aujourd’hui été entravés par une attention insuffisante apportée aux secteurs de production en tant que base du développement social et économique ». Décryptage de ce constat établi par le groupe dans le cadre d’un document préparé en prévision de la Conférence d’Istanbul du 09 au 13 mai 2011, les objectifs 4 et 5 du Plan d’actions de Bruxelles visant à « mettre en place les capacités de productions nécessaires pour que les PMA bénéficient de la mondialisation et renforcer le rôle du commerce dans le développement » n’ont pas été réalisés. Et, pas plus que ne saurait être tenu par les PMA  l’échéance de 2015 fixée pour l’atteinte des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). 

Dans la capitale turque où elle se tient, la 4ème Conférence des Nations Unies sur les PMA entend esquisser de « nouveaux objectifs et instruments pour la décennie à venir ». En effet, les économies des PMA sont sorties de la décennie écoulée marquées par « de multiples faiblesses structurelles » relève le groupe interinstitutions qui est composé de 15 organismes du système des Nations Unies. Qui, lie cet état de fait, au « faible niveau de développement des capacités productives et commerciales (des PMA), le manque de cohérence  des politiques et des systèmes institutionnels inappropriés ».  De son point de vue, le défi pour les PMA est de « se diversifier afin de proposer une gamme de marchandises, d’articles manufacturés et de services avec un fort potentiel de croissance et de création d’emploi, en particulier pour les populations pauvres ». Conséquemment, pour les dix prochaines années, le groupe interinstitutions qui est en fait « un mécanisme conçu pour coordonner et mettre en œuvre les initiatives communes » prône des solutions structurées autour de deux piliers : « le commerce et la capacité productive ». 

Croissance "solidaire"

« Une action cohérente des politiques commerciales et liées au commerce peut encourager au niveau national, régional et international le développement des capacités productives et l’acquisition d’une compétitivité internationale pour les PMA » soutiennent ces organismes spécialisés du système des Nations Unies. Ils en veulent pour preuve, les résultats du Rapport publié, en juin 2010, par le Programme des Nations Unies pour le développement (Pnud) sur la réalisation des OMD, qui montre clairement « que la croissance économique a été un facteur décisif de réduction de la pauvreté et de la faim dans des pays où le développement s’est concentré sur la productivité agricole, l’accélération de l’emploi et la distribution des revenus, des actifs et des opportunités d’une façon programmée, délibérée et équitable entre les sexes ». Ainsi leur maigre moisson en matière de développement, au cours des dix dernières années, les PMA le doivent à « leur incapacité à générer suffisamment d’emplois productifs et de moyens de subsistance pour leur population » comme le soutient le Rapport 2010 de la Cnuced sur les pays les moins avancés. 

Si pour les PMA, la « croissance durable » demeure toujours un objectif à atteindre, ce qu’ils devront viser, le plus désormais, c’est que cette croissance induise « un développement solidaire ».  Ainsi la nouvelle quête, tant des PMA que de leurs différents partenaires au développement, devra être un « développement solidaire » que ne garantit qu’une croissance économique qui « n’exclue personne, apporte des revenus, des emplois et donne accès aux services essentiels aux couches les plus pauvres de la société ».
                                                                                             Louis S. Amédé