La folie haussière qui s’est pris des marchés de matières premières a de beaux jours devant elle. Le dernier G20 sur l’agriculture n’y a pas pu pas grand-chose, sinon rien ! Faudra s’y faire : le niveau élevé des prix des denrées alimentaires et la volatilité des marchés qui l’alimente sont des tendances lourdes et profondes. Au moins jusqu’en 2020, rien ne risque de les infléchir substantiellement, selon le dernier rapport sur les « Perspectives agricoles 2011-2020 » coproduit par l’OCDE et la FAO. La hausse de la demande mondiale de denrées alimentaires pour la consommation humaine et animale, l’accroissement continu et rapide de la demande de matières premières pour la production de biocarburants, le fléchissement de la productivité agricole mondiale qui, en sont les sèves vivifiantes, ne sont donc pas prêts de s’estomper. Triste réalité : revoilà donc planant, à nouveau sur la planète, le péril de la faim.
Réguler les marchés, est-ce l'urgence du moment?
Il y a de quoi craindre pour la stabilité économique et la sécurité alimentaire notamment dans les pays en développement. Le package de cinq mesures que propose la France avec pour pilier, la régulation des marchés, pour préserver le monde contre ces dangers, ne suscite qu’une adhésion partielle et parcellaire. La trop forte tendance politique nouvelle française à saupoudrer toute initiative internationale d’une dose de mesures potentiellement spectaculaires médiatiquement, a fait oublier à Paris, le très mince succès de la précédente tentative dont il était l’inspirateur, d’encadrer, à juste titre, les excès de la finance mondiale. Elle lui a fait perdre de vu à l’hexagone, que sa nouvelle croisade pour réguler les dérives spéculatives sur le front agricole, ne pouvait connaître meilleur sort.
La théorie du « produire à juste prix » qui structure la proposition de solution française est contrebalancée fortement par la thèse du « produire plus et mieux » plus adaptée à la situation actuelle. En effet, les idées d’investissement prioritaire dans l’agriculture et de raisonnement du biocarburant mania générale qui, transpirent de cette seconde posture, paraissent plus propices pour la circonstance. Jacques Diouf, directeur général de la la FAO, n’en pense pas moins qui, avait prévenu, quelques jours plus tôt, que face à l’actuelle instabilité des prix qui pourrait demeurer une constante des marchés agricoles, « la véritable solution, c’est la stimulation des investissements dans l’agriculture et le développement rural des pays en développement ».
Les prix élevés ont aussi du bon
Les prix élevés ne sont pas dénués, tout compte bien fait, d’avantages. Ils pourraient bien stimuler les investissements publics et privés dans l’agriculture. Qui, inscrits dans un cadre plus global de politiques cohérentes visant à la fois à réduire et à limiter les incidences négatives de la flambée des prix seraient potentiellement plus efficaces qu’une hypothétique régulation des marchés financiers.
Louis S. Amédé
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