mardi 14 juin 2011

Insécurité alimentaire Vs insécurité nutritionnelle

Les déficits de la production alimentaire sont largement responsables des carences alimentaires des populations pauvres des zones rurales. C'est en Afrique que la situation est la plus critique, car les revenus de quelque 70 % de la population dépendent directement de l’agriculture.


Depuis la crise des prix des denrées alimentaires de 2008, la question alimentaire, -et avec elle l’agriculture-, a retrouvé une place au cœur des thématiques d’intérêt prioritaire pour les décideurs de la planète. Et le vent d’insécurité que charrie la flambée actuelle des cours de matières premières agricoles accentue cette tendance. Et pourtant, en matière d’alimentation, l’insécurité alimentaire cache une autre insécurité, celle-là, nutritionnelle est d’ailleurs encore plus pernicieuse : la malnutrition ou sous-nutrition.

Souvent surnommée « famine cachée », cette situation découle de facteurs de déséquilibre entre l’offre et la demande, qui ont pour nom : insécurité alimentaire des ménages, insuffisance des soins apportés aux femmes et aux enfants, environnements insalubres, notamment au niveau sanitaire et hygiénique,  manque de services de santé. Elle affecte la santé d’un milliard de personnes.

1 milliard d’affamés principalement en Afrique et en Asie

Dans son « Review of Nutrition Policies » paru en décembre 2010, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait tiré la sonnette d’alarme indiquant que « une (1) personne sur trois (3) meurt ou est handicapée à cause d’une mauvaise nutrition et des carences caloriques ». En effet, le nombre de personnes souffrant de la faim est passé de 842 millions en 1990-1992 à 873 millions en 2004-2006 et à 1,02 milliard en 2009, le niveau le plus élevé jamais enregistré. Celui-ci a ensuite légèrement faibli pour revenir à 925 millions en 2010. La même année, 115 millions d'enfants dans le monde étaient en insuffisance pondérale et 186 millions d'enfants de moins de cinq ans souffraient d’un retard de croissance. La sous-nutrition chronique affecte un enfant sur trois dans les pays en développement. Chaque année, elle cause la mort de plus de trois millions d'enfants et de plus de 100 000 mères. Palmarès, pour le moins déconcertant, dont l’Afrique subsaharienne et l’Asie du Sud sont les terrains principaux. Malheureusement !

Pour corriger cette situation inquiétante, des études récentes, notamment de l’IFPRI, recommandent que « l'amélioration du statut nutritionnel fasse partie des objectifs des interventions agricoles ; les objectifs de nutrition soient pleinement intégrés aux projets et aux politiques agricoles afin d’avoir un impact positif sur la nutrition. Et l’éducation nutritionnelle soit également intégrée aux programmes agricoles ». Ces propositions seront au cœur du briefing qu’organisent à Bruxelles, ce mercredi 15 juin 2011, le CTA, la DG DEVCO de la Commission européenne, le Secrétariat ACP, Concord et plusieurs médias avec l’IFPRI sur les principaux enjeux nutritionnels dans les pays ACP et sur le rôle de l’agriculture dans la sécurité nutritionnelle.

                                                                                          Louis S. Amédé

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