mardi 7 juin 2011

Contre la flambée des prix des produits de base: Rectifier le déséquilibre de l’investissement public dans l’agriculture sinon, c’est la faim



Déjà mal engagé pour 2015, l’Objectif du millénaire pour le développement (OMD) de réduction de la faim, risque de ne jamais être atteint si « un nouvel avenir » n’est pas construit pour l’agriculture, selon Oxfam.



Le prix du blé n'en fini pas de grimper conduisant à une suspension de son 
exportation par l'Inde.

Le système alimentaire mondial est bien mal en point. Ses bases sont passablement minées par la conjugaison des effets de la flambée des prix des denrées alimentaires, du détournement de certains produits de base à des fins de production de biocarburants et du fléchissement de la croissance de la production et de la productivité agricole. Il fleure déjà bon la crise alimentaire et si rien n’est fait, une catastrophe alimentaire et écologique sera difficile à éviter. Surtout que d’ici à 2050, la planète va compter 9 milliards d’âmes avec, pour corollaire, une augmentation de la demande alimentaire de 70% qu’il faudra bien satisfaire. Et peu importe que les rendements agricoles s’amenuisent, que les ressources en eau se raréfient et que se durcisse la concurrence sur les terres. Vous avez dis défis ?

L’agriculture, un sésame…

Pour relever celui d’éviter à la planète le scénario catastrophe, l’agriculture est une des clés. Et non des moindres ! A condition, toutefois, de procéder à « des réformes complètes des politiques nationales et mondiales » en rapport avec le secteur. Depuis plusieurs années déjà,  un large consensus se dégage, pour affirmer, comme le déclarait en septembre dernier, à Bruxelles, Luca Chinotti, conseiller politique à Oxfam, que « le manque d’investissement dans l’agriculture et la sécurité alimentaire par les gouvernements nationaux et les donateurs est l’une des causes structurelles de la faim ». Un indicateur de cet état de fait est que « entre 1983 et 2006, la part de l’agriculture dans l’aide publique au développement (APD) est passée de 20,4% à 3,7% alors que l’appui des pays riches, dans leurs propres secteurs agricoles, excède les 250 milliards de dollars correspondant à environ 80 fois l’aide au secteur agricole ». Aussi louable que puisse être l’initiative d’Aquila pour la sécurité alimentaire, les 4 milliards de dollars d’engagements nouveaux qu’il prévoit sont donc comme une goutte d’eau dans la mer financière des besoins du secteur agricole mondial. D’où, tout l’intérêt de la proposition de l’Ong internationale Oxfam de « bâtir un nouvel avenir pour l’agriculture ».

… A condition de réformes en faveur des petites exploitations

Le riz, une des céréales les plus consommées
au monde
Cette perspective impose de rectifier l’important déséquilibre de l’investissement public dans l’agriculture. Et en la matière, Oxfam, un brin provocateur, appelle dans le cadre de sa campagne « Cultivons » à « réaffecter les milliards actuellement dépensés dans les exploitations industrielles non durables des pays riches, pour répondre aux besoins des petits producteurs des pays en développement ». « C’est bien là que les meilleurs résultats en termes de productivité, d’intensification durable, de réduction de la pauvreté et de résilience peuvent être obtenus », justifie t-elle. Ainsi donc, les pays donateurs et les organisations internationales devront plutôt continuer d’augmenter la part des dépenses agricoles dans l’APD et  d’investir dans l’adaptation des pratiques agricoles. La menace de disparition que fait planer sur les petites exploitations agricoles la course à la terre et aux réserves d’eau dans laquelle sont engagés de riches et puissants intérêts financiers, notamment en Afrique, impose de réglementer l’investissement foncier afin de garantir les retombées sociales et environnementales positives. Les Etats (et leurs partenaires au développement) sont mis devant leurs responsabilités de soutenir ouvertement les petites exploitations agricoles tout en régulant, soigneusement, les investissements privés sur les terres et l’eau pour en garantir l’accès aux populations et d’intervenir pour développer et orienter la Recherche & Développement en faveur des technologies appropriées.

Les voies à emprunter pour « la création d’un avenir durable où personne n’aura faim », -donc la réalisation de l’OMD de réduire substantiellement la faim dans le monde-, sont connues. Les organisations internationales et les Etats sont-ils déterminés à s’y engager ? Là réside tout le problème. Malheureusement!
                                                                                  Louis S. Amédé 

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