L’Independent evaluation office (IEO) a procédé récemment à un examen de la politique éditoriale du Fonds notamment sur les études effectuées entre 1999 et 2008 pour en évaluer l’utilité pratique. Il en conclut qu’il « est nécessaire de mieux hiérarchiser et coordonner les études » au sein de l’institution.
C’est autour de 650 études que publie chaque année le Fonds monétaire international (FMI). Ces publications analytiques, à la fois diverses et variées, absorbent près de 10% du budget de l’institution. Cet investissement est-il seulement efficace et bénéfique ? L’IEO s’est intéressé à la question sous les prismes de « l’utilité pratique et l’utilisation des études, de leur qualité technique et de la gestion de la recherche ». Et ses conclusions peuvent être résumées en ces quelques mots : « utilité pratique limitée », « qualité technique très inégale » et forte inclinaison directive.
Utilité pratique limitée… qualité inégale
Portant sur les études effectuées par le Fonds entre 1999 et 2008, le rapport d’évaluation rendu public, il y a quelques jours, établit que, bien que les « études du FMI sont très consultées et appréciés (tant) par les autorités des pays (que) les chercheurs », celles-ci ne sont, pour autant, pas exemptes de reproches. Et le tout premier relevé par l’IEO est que leur « utilité pratique est souvent limitée ». Sont pointés du doigt le « défaut de consultation des autorités des pays sur les thèmes couverts et le défaut de connaissance suffisante des contextes nationaux et institutionnels ». Une autre faiblesse déplorée est « la très inégale qualité technique des études du Fonds ». L’IEO illustre cette conclusion par des exemples. Ainsi catégorise t-il les publications telle que les "Perspectives de l’économie mondiale" et les "Rapport sur la stabilité financière dans le monde" de très bonne facture technique, d’une part. Et, d’autre part, estampille les documents de travail (working papers), et les publications externes, « faible qualité technique ». « Pour améliorer la qualité, il convient de prévoir des ressources et des délais suffisants pour chaque projet d’étude, même si cela se traduit par une diminution du nombre de publications » préconise l’IEO.
Grande ouverture d’esprit, une des clés
Une des publications utiles et de très grande qualité |
Mais quel que soit leur niveau de qualité, les publications du Fonds pêchent, globalement, par une intonation plutôt directive qu’indicative. L’IEO déplore cet état de fait révélé par « les autorités de nombreux pays qui ont signalé que les études du FMI servaient à passer un message » et, confirmé par de nombreux fonctionnaires de l’institution qui lui ont confié qu’ils « se sentaient souvent obligés d’aligner leurs conclusions sur les opinions du Fonds ». Le but de l’exercice, -fréquemment conduit par l’IEO sur les interventions et les politiques du FMI-, étant ici d’améliorer la qualité et la réputation des études et en développer l’utilisation, l’organe d’évaluation appelle à ce que « les documents de travail reflètent les résultats des analyses techniques même si elles ne correspondent pas aux messages avancés dans les documents préparés lors des activités de surveillance ». Il prescrit au Fonds de « procéder périodiquement à des revues stratégiques de la fonction et de l’utilisation de ses produits afin d’établir s’ils devraient être renforcés, repensés ou abandonnés ». Lui recommandant fortement, au passage, que « la consultation des autorités sur les thèmes étudiés et l’examen des résultats » soit « une pratique standard ».
Les insuffisances relevées par le rapport de l’IEO sur la politique de recherche du Fonds, ont laissé poindre une nécessité « de mieux hiérarchiser et coordonner les études au sein du FMI ». L’IEO a, à cet effet, appelé la direction de l’institution à « désigner un Coordinateur des études (CE) qui sera chargé d’en coordonner les études, notamment en établissant des normes pour les revues de qualité et des règles de publication, de promouvoir une plus grande ouverture d’esprit et de s’attaquer aux points faibles identifiés dans la présente évaluation ».
Louis S. Amédé
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