mardi 7 décembre 2010

Changement climatique: Mobilisation pour une meilleure prise en compte de l’Agriculture


Par Louis S. Amédé

« Il ne peut y avoir de sécurité climatique sans sécurité alimentaire. De même, il n’y a pas de sécurité alimentaire sans sécurité climatique ». La plateforme des donateurs, une coalition regroupant 19 organisations internationales, étatiques et de la société civile occidentales et africaines, voudrait indiquer clairement que « l’approche fragmentaire », adoptée depuis Copenhague l’année dernière, dans les négociations en cours sur le changement climatique, « n’est pas durablement viable » et appeler « à une approche plus holistique » qu’elle ne se serait pas mieux prise. En choisissant ainsi de jeter une aussi grosse pierre dans le jardin des parties à la conférence de Cancun et singulièrement dans celui des Nations Unis, ces organisations au nombre desquelles la Centre Technique (ACP-UE) pour l’Agriculture et le développement rural (CTA), la FAO, la Banque mondiale, l’IFAD, le CGIAR espèrent les incliner à « mieux prendre en compte l’agriculture dans les discussions en cours » explique Lindiwe Sibanda, Président du Réseau d’analyse des politiques alimentaire, agricole et de ressources naturelles (FANRPAN).

L'agriculture à la marge...

En effet, les discussions en cours sur le changement climatique ne visent que très discrètement l’agriculture. C’est à peine si cette activité aux confluents de la problématique du changement climatique, des préoccupations de sécurité alimentaire et de lutte contre la pauvreté et en ce qui concerne le monde en développement particulièrement, du problème de développement, n’est pas tenue à la marge. Et pourtant, est formelle, Inger Andersen, Vice-présidente, Développement durable à la Banque mondiale, « l’Agriculture est déterminante pour la problématique du changement climatique en ce qu’elle est, non seulement, une part du problème mais, mieux encore, elle en est une composante majeure de la solution ». Les données attestant de cette double réalité ne manquent pas.

... Et pourtant

Autant « 17% des émissions globales des gaz à effet de serre sont produites par le secteur agricole, 70% des pauvres de la planète vivent en milieu rural et dépendent de l’agriculture pour survivre, et le secteur subirait de plein fouet les effets du changement climatique en terme de réduction de productivité et d’accroissement de la vulnérabilité ». De même il est établit que « de bonnes terres et des pratiques culturales telles que l’agroforesterie, l’amélioration de la gestion de l’eau et des fertilisants sont susceptibles d’induire une réduction d’au moins 13% des émissions de gaz carbonique ; une agriculture intensive plutôt qu’extensive améliorant la productivité préserverait les écosystèmes et que face au grand problème de la sécurité alimentaire, l’agriculture pour satisfaire les 9 milliards de personnes que va compter la planète en 2050, devra améliorer sa productivité de 2,25 fois par rapport à son niveau de 2000, ce qui requiert une approche intégrée de gestion de la terre, l’eau, les jachères… »

La Journée de l’Agriculture et du développement rural (ARDD) organisé par la plateforme des donateurs, le samedi 4 décembre 2010 au Gran Melia Cancun Hotel, en marge des négociations a eu un succès retentissant. Elle a mobilisé plus de 400 personnalités autour de l’agriculture, toutes acquise à l’idée d’une meilleure prise en compte de l’agriculture dans les négociations en cours sur le changement climatique. Il faut juste espérer que les négociateurs aient perçu la pertinence du message.

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