Par Louis S. Amédé
« Réduire ses émissions de gaz carbonique de 60% d’ici 2030 par rapport à son niveau de 1990, avec, une utilisation à la marge des mécanismes de flexibilité ». Tel est la prescription fort ambitieuse que le Comité Climat, puissant organe réglementaire conseillant le gouvernement du Royaume Uni vient de faire au Premier ministre britannique David Cameron et son team. Dans les couloirs du village climatique érigé à Cancun pour la circonstance du COP 16, cet appel est fort apprécié. Les organisations non gouvernementales du pays de Sa Gracieuse Majesté, Elizabeth II qui y tiennent des stands n’en sont pas peu fiers. Cette recommandation pose leur pays en locomotive de la transition vers une économie neutre en carbone. Et le sentiment le plus répandu, en leur sein, est que « David Cameron qui s’était engagé, lors de son accession au pouvoir, à gouverner vert, tient là une belle occasion ».
Le Royaume Uni proactif
Sur le front de la question de la réduction des gaz à la base du réchauffement climatique, il faut dire que Londres est plutôt proactif. Alors que l’UE est encore au stade des études pour établir ses objectifs de réductions des émissions à l’échéance 2030 qui, seront rendus publics seulement au printemps 2011, le Royaume Uni lui s’est déjà astreint dans le cadre d’une Loi Climat à « réduire les émissions de 80% d’ici à 2050 » et procède dans cette optique par « budgets carbone quinquennaux ». Pour le Comité Climat qui est le gardien de cet objectif global, cela l’ombre d’aucun doute qu’il est réaliste et réalisable. Et de préciser que « une réduction de 60% des émissions d’ici 2030, -dont de 50% au moins en 2025-, est faisable et à un coût très raisonnable : moins de 1% du PIB du Royaume Uni ».
D’ailleurs l’instance consulaire britannique ne s’arrête pas là. Le Royaume Uni étant membre de l’UE, elle conseille à l’Europe, en pleine tergiversation, de déjà adopter l’objectif de 30% de réduction de ses émissions d’ici à 2020. Puis, d’être plus ambitieuse pour 2030 en visant un objectif de 55% par rapport au niveau de 1990. Dans un contexte générale de négociations sur le changement climatique où les parties autour de la table n’abattent leurs cartes des efforts de réduction d’émissions de gaz carbonique à faire qu’en fonction des propositions des autres, le Royaume Uni semble avoir décidé de jouer carte sur table. Sans attendre l’UE, il entend dérouler pleinement sa stratégie en la matière, ne serait-ce que dans les secteurs déjà couverts par le marché carbone européen. Londres a donc décidé de montrer la voie. Quel autre pays développé et/ou émergent qui suivra ? Cela ne risque ni d’être les Etats-Unis, encore moins la Chine.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire