« La Banque mondiale et le Fmi doivent intensifier leur soutien aux pays
en développement qui sont aux prises avec un gonflement des prix des denrées
alimentaires et les contrecoups des difficultés budgétaires en Europe ».
Rien que cela ! Pour Elizabeth Stuart, directrice du bureau de Washington
d’Oxfam international, c’est même un impératif. Et pour cause, explique-t-elle,
« la panne économique de l’Eurozone
pourrait coûter aux pays les plus pauvres du monde, plus de 30 milliards de
dollars de pertes en termes de commerce et d'investissements étrangers ».
De plus, la spirale de baisses de recettes d'exportation et de capitaux non
générateurs d’endettement dans laquelle ces pays risquent d’être plongés va « non
seulement endommager leurs économies
mais également exercer une pression sur les ressources déjà limitées qu’ils
affectent au financement des services sociaux » elle a argumenté.
Péril en la demeure… de l’Afrique !
A peu de mots près, pour Oxfam,
il y a péril en la demeure en ce qui concerne les économies africaines. La
conjugaison de trois facteurs alimente cette perspective grise. D’une part,
l’envolée des prix des denrées alimentaires qui avoisinent actuellement les
sommets atteints en 2008-2009. D’autre part, les effets négatifs de la
récession économique en Europe et aux Etats-Unis sur les revenus des pays
pauvres. Et enfin, la hausse du cours du pétrole qui, en même temps qu’elle
nourrit une course aux ressources naturelles, alimente une dynamique dangereuse
pour les populations rurales d’accaparement des terres arables. « Alors que les prix des denrées alimentaires
augmentent, les investisseurs achètent d'immenses étendues de terres ; au cours des dix dernières années, des terres dont
la surface globale équivaut à six fois la taille du Japon, ont été cédées dans
les pays pauvres. Ce "deal" se fait au détriment des populations
pauvres vivant en milieu rural, qui sont ainsi privés de leurs moyens de
subsistance, sans consultations préalables ni compensation » s’indigne
Elizabeth Stuart.
Rôle pour la Banque mondiale et le Fmi
Face donc à cette situation qu’elle
et son organisation qualifient « d’injuste »,
la directrice du bureau Oxfam – Washington appelle « la Banque mondiale et le Fonds à aider à protéger les moyens de subsistance
des populations pauvres, la terre qui est leur principale source de nourriture ». Le
président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, n’avait-il pas indiqué que les
assemblées annuelles actuelles de Tokyo traiteraient de « la hausse des prix des denrées alimentaires,
la baisse de l’aide et la contraction des flux de capitaux affectant durement
les pays pauvres » ? Oxfam a tenu à le rappeler très opportunément. Aiguillonnant chacune des deux institutions
de Bretton Woods, sur ce qui pourrait être leur rôle : « en tant qu'investisseur et conseiller des pays en développement, la
Banque mondiale doit aider à lutter contre le fléau d’accaparement des terres
en Afrique » et « le
Fmi devra travailler avec les gouvernements de ces pays pour qu’ils disposent
de la marge de manœuvre nécessaire pour accroître le financement des services
sociaux et lutter contre les inégalités de revenu ».
Louis S. Amédé, Tokyo