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Tokyo International Forum abrite les assemblées annuelles 2012 du Fmi et de la Banque mondiale (Photo Banque mondiale) |
L’endettement
public dans les pays avancés n’en finit pas de préoccuper. Il est l’un des
sujets au cœur des assemblées annuelles du Fonds monétaire international (Fmi)
et de Banque mondiale qui se tiennent actuellement à Tokyo. La raison, la dette publique y caracole à des niveaux record, jamais atteints depuis la
Deuxième Guerre mondiale. Comme le note le Fmi dans ses perspectives de
l’économie mondiale à octobre 2012, « au Japon, aux États-Unis, en Grèce, en Italie,
au Portugal et en Irlande, la dette brute dépasse 100 % ». Et de plus,
malgré la croissance faible, au mieux des cas, et les déficits budgétaires
persistants qui caractérisent leur économie, ces pays doivent faire avec « des engagements futurs et éventuels élevés
corollaires du vieillissement des populations et de la fragilité des secteurs
financiers ».
Soutenir l’activité, la première des priorités
Pour faire face à
l’épineux problème actuel du surendettement public, le Fmi conseille aux Etats concernés, non
plus de l’austérité tous azimuts, mais de « rééquilibrer le budget et de
doser la politique économique de manière à soutenir la croissance ».
Et pour cause note le Fonds, « étant donné la faiblesse de la croissance
mondiale, la première priorité est de la soutenir ». Une appréciation
de la situation qui épouse désormais, la lecture des économistes de la
Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement (Cnuced) qui,
face à la déferlante des programmes d’austérité, ont soutenu dès 2010 que
« le diagnostic est erroné,
l’obstacle à la reprise est non pas l’accroissement des dettes publiques,
mais l’absence de demande intérieure ». Le Fmi qui peine à infléchir
les politiques économiques américaine et européenne conseille fortement donc, notamment aux
Etats-Unis, au Japon et aux 17 pays de l’Eurozone, de « résoudre
les problèmes structurels sous-jacents
de leur économie ; d’adopter des politiques monétaires soutenant,
autant que possible, l’activité ; de renforcer la transparence et la
responsabilisation dans le processus budgétaire ».
Réduire
la dette publique, un marathon non un sprint
« La
réduction de la dette publique prend du temps, surtout sur fond de conjoncture
extérieure fragile. Il s’agit d’un marathon, pas d’un sprint » a
expliqué Olivier Blanchard, conseiller économique au Fmi ce mardi. Assurant que
« le déséquilibre global et la vulnérabilité corrélative ont quelque peu
diminué » sous l’effet des mesures en cours dans les pays avancés ;
et que conséquemment, une
« réduction modeste de la dette reste possible sans croissance
forte ». La situation de
surendettement de l’Etat dans les pays développés fait souffler sur la stabilité
économique et financière mondiale, un vent glacial. Les craintes sont de
plus en plus fortes concernant la viabilité des finances publiques et la
solution de l’austérité budgétaire tous azimuts doublée d’une compression des
salaires adoptée jusque-là, çà et là, dans ces pays, alimente la menace d’un
coup de frein à l’expansion économique dans les pays en développement,
notamment d’Afrique. Ces derniers, malgré des perspectives de croissance
toujours aussi prometteuses à plus de 5%, demeurent vulnérables face à un
affaiblissement de la demande dans les pays développés, pour ce qui est de
leurs exportations dont la contraction est tout à fait probable.
Louis S. Amédé, Tokyo
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