Baba Dioum, Coordonnateur général CMA/AOC |
Le commerce inter et intra-régional constitue une niche à fort potentiel de croissance et une alternative prometteuse pour les pays africains dans leur développement. Pour Baba Dioum, Coordonnateur général de la conférence des ministres de l’agriculture de l’Afrique de l’Ouest et du Centre (CMA-AOC), cela ne fait l’ombre d’aucun doute. Et cette conviction, il l’a réaffirmée à l’ouverture de l’atelier régional qu’organisait à Ouagadougou, du 28 au 30 avril 2011, la CMA-AOC et son partenaire, le CTA avec pour ambition de « formuler des propositions de solutions aux entraves au commerce régional ». L’adossant sur le fait que « sur la période 2000 – 2030 la demande de produits alimentaires sur les marchés urbains du continent devrait tripler passant de 50 milliards de dollars US à plus de 150 milliards de dollars, -induisant pour les petits producteurs, des revenus de l’ordre de 30 milliards de dollars-, alors que celle des produits d’exportation à haute valeur devraient passer de 3 à 10 milliards de dollars et celle des matières premières d’exportation de 8 à 10,5 milliards de dollars ».
Volonté politique à géométrie variable
En dépit de ce potentiel, l’encéphalogramme du commerce intra-communautaire officiel, demeure paradoxalement bien monotone. « De 1996 à 2007, les échanges entre les pays de l’Union économique et monétaire Ouest africain (Uemoa) ne représentaient que 13% du commerce global de l’Union ; quand, au niveau de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, ils enregistraient un recul général : -4,5% des exportations et -0,15% des importations intra-communautaires » fait noter à cet effet, Dr Abibatou Diop-Boaré, économiste-chercheur au Centre ivoirien de recherche économique et sociale (CIRES). En cause dans ce panorama commercial peu avenant est, entre autres goulots d’étranglement, l’indiscipline des Etats dont la volonté politique d’intégration des économies, sans cesse clamée, perd de son dynamisme et de son allant dès lors qu’il faut s’astreindre à l’observance stricte de dispositions communautaires.
« Et pourtant, en s’inscrivant dans une stratégie de développement plus large, l’intégration de nos pays par le commerce pourrait renforcer nos capacités productives, intensifier la diversification économique et améliorer la compétitivité » déplore Baba Dioum. Pour qui, « la mise en commun des ressources et les économies d’échelle subséquentes ne peuvent que permettre à nos pays de participer efficacement à l’économie mondiale ». Dans cette perspective, le coordonnateur général de la CMA-AOC appelle à « la mise en œuvre effective des accords d’intégration régionale censés abolir les barrières ». Notamment, en matière de commerce intra et inter- communautaire de produits agricoles dont relever les niveaux quantitatifs et qualitatifs des productions et exportations paraît de plus en plus impératif pour des pays dépendant de l’agriculture pour la création du 1/3 au moins des richesses nationales.
Optimisme mesuré
Entendre, Laurent Sédogo, ministre burkinabé de l’agriculture et de l’hydraulique, affirmer que « le développement des échanges intra-régionaux des produits agricoles est le tremplin sur lequel nous devons nous appuyer pour construire un véritable marché des produits agricoles gage d’une bonne intégration économique à laquelle nous aspirons », incline à un brin d’optimisme. Notamment sur le front du renforcement du commerce intra-régional. Mais un optimisme… prudent. Simplement parce que bien des freins à la libre circulation des personnes et des biens, y compris les produits agricoles, restent à lever tant au sein de l’Uemoa que de la région Afrique de l’Ouest.
Louis S. Amédé
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire