Par Louis S. Amédé
La problématique du changement climatique est pour le monde en développement en général, et pour l’Afrique en particulier, plus qu’une simple préoccupation environnementale, un vrai défi du développement. Il charrie un vent de revisitation du modèle de développement des pays du continent ; une remise en cause des paradigmes jusque-là adoptés, sous injonctions conditionnelles du monde développé et astreintes comminatoires des institutions internationales de développement, pour sortir de leur état de sous/mal développement. Hier, 14 décembre 2009, l’Afrique fort du poids du Groupes des 77 (G 77), a fait prendre la mesure de cette réalité aux parties prenantes au Sommet de Copenhague sur le changement climatique. Elle a courageusement quitté la table des discussions, pour refuser qu’on en arrive astucieusement à faire peser sur ses frêles épaules, un effort trop et dommageable pour sa croissance, dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique.
Jeter aux orties le protocole de Kyoto et ses prescriptions de réduction du niveau de pollution des pays développés et ignorer les recommandations du Groupe International d’Experts sur le Climat (GIEC) à l’ensemble des pays développés de réduire de 40% (par rapport à 1990) leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) d’ici à 2020, comme cela tend à y conduire subrepticement les discussions au Bella Center, ne pourraient faire l’affaire de l’Afrique. Pas question pour le continent, d’être le dindon d’une farce où, les pays développés, sous couvert d’appuis financiers aux pays en développement pour faire face aux effets du changement climatique et aux ajustements techniques et technologiques subséquents, pourront continuer polluer au-delà des engagements/restrictions convenus par tous (à l’exception des Etats-Unis) à Kyoto. Et où, l’Afrique et plus globalement le monde en développement, déjà en souffrance de développement, devra revoir à la baisse son ambition de sortir de cet état de fait… pour le bien de l’ensemble de la planète.
Un texte informel de la présidence danoise du sommet, en circulation sous le manteau la semaine dernière, avait déjà donné le ton de cette mascarade. Ce qui avait suscité un courroux, sous-estimé sans doute, des pays en développement. Hier l’Afrique soutenu par l’ensemble des pays en développement et la Chine a donné à voir qu’elle n’a pas fait le déplacement de Copenhague pour faire de la figuration. Ceux qui doutaient de la capacité du continent à ne pas s’en laisser conter, au cours de cette grand’messe sur le changement climatique orchestrée par les Nations Unies en ont été pour leurs frais. Certes le temps de quelques heures. Mais suffisant pour que l’ensemble des parties prenantes au groupe de travail réalise que seul un accord équilibré et juste pour toutes les parties, ouvrirait des perspectives pour l’avenir climatique de l’humanité.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire